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Par Bérangère Barret | 

Crédit Photo : Stéphane Mortagne

Virginie Mixe, Marcquoise, vient de lancer Minus Farm. Micro-ferme d’élevage et de vente d’insectes comestibles. Des vers et des grillons. Des criquets, aussi. Pour l’apéro ou dans de la soupe… L’entomophagie* est une nouvelle façon de se nourrir, qui pourrait bien devenir notre quotidien. On vous dit pourquoi.

  1. Parce que c’est plutôt bon.

Les vers de farine, également nommés ténébrions, ont un petit goût de noisette pas désagréable. Grillés par les bons soins de Virginie, ils croquent sous la dent et agrémenteront sans problème un apéro des plus futuristes. Les cookies vers-pépites de chocolat sont moelleux et chocolatés. Et s’il n’y avait pas cette petite partie de l’abdomen de l’insecte qui dépasse du gâteau, on n’y verrait que du feu à cet apport protéinique très bon pour la santé.

  1. C’est riche et nourrissant.

Car c’est là l’un des principaux avantages à devenir entomophage* : les apports nutritifs des vers, grillons et autres criquets sont extraordinaires. Surtout le grillon. «  C’est vraiment un champion  », sourit Virginie Mixe, couvant des yeux ses petites bêtes massées dans un grand tube à épices. Ces petites bêtes contiennent jusqu’à 60 % de protéines. Et ce n’est pas tout. Un grillon contient aussi 5,46 mg de fer, 6,5 mg de vitamine A, 13,8 mg de vitamine B3… Mieux qu’un complément alimentaire.

  1. C’est bon pour la planète.

«  Les insectes, c’est pas forcément pour les gens qui veulent faire Koh Lanta, mais plutôt pour ceux qui développent une sensibilité à l’écologie.  » Virginie Mixe s’est d’ailleurs lancée dans l’élevage pour cette raison. «  Je n’avais pas spécialement d’appétence pour ça à la base !  » Mais elle se préoccupe de la planète, de ces productions de viande énergivores et de ces surfaces envahies de culture de soja, alternative pas si écolo à la viande… Les insectes prennent peu de place, s’élèvent relativement facilement et, les phobiques ne le savent que trop bien, se reproduisent à vitesse grand V. « Cerise » sur le gâteau, ils sont dépourvus de système nerveux. Ils ne souffrent donc pas au moment de passer à la casserole.

  1. C’est local.

Virginie Mixe a installé sa micro-ferme urbaine dans sa cave, en plein centre de Marcq-en-Barœul. Quelques bacs de son de petit épeautre (bio) pour les vers, des petits vivariums pour les grillons et criquets, et le tour est joué. Les vers de farine résultent de la ponte de coléoptères. Ils maturent dans le son d’épeautre pendant deux mois et demi. Ils sont tués par congélation, avant d’être préparés et emballés.

* Entomophagie : consommer des insectes.

 

Minus Farm, la vente après un an de croissance

Cela fait un an que la Marcquoise Virginie Mixe s’est lancée dans l’élevage d’insectes. Mais la commercialisation ne démarre qu’aujourd’hui.

Il a d’abord fallu se renseigner sur un domaine pour le moins méconnu. Virginie Mixe, qui versait jusqu’ici plutôt dans la musique (elle a fondé un label), s’est pour cela rapprochée d’une « éleveuse » bordelaise. Elle est revenue avec des bocaux d’insectes vivants. Un an de soins, de reproduction et d’élevage ont été nécessaires pour prétendre à se lancer dans la commercialisation.

Aujourd’hui, Virginie propose une gamme sur internet : box apéros avec quatre sortes de produits, dont des vers à croquer, grillons des steppes, biscuits salés… Pour les plus réfractaires à la matière, de la poudre d’insecte est proposée. Une alternative qui permet de bénéficier des apports énergétiques de la bête sans en croquer la carapace.

Ces produits sont donc disponibles à la commande en ligne (http://minusfarm.fr). Mais certains points de vente se sont laissés séduire, au point de braver une législation peu engageante (lire par ailleurs). On trouve donc les insectes de Virginie Mixe à la Cerise sur l’apéro à Lille, et sans doute bientôt au taste n’Brews à Marcq-en-Baroeul.

Une législation encore balbutiante

 

C’est pour le moment la réglementation européenne qui fait loi dans la vente d’insectes. Or, celle-ci a édité en 1997 la «  loi novel food  ». Le principe : tout aliment non communément consommé dans les pays de la Communauté européenne avant 1997 doit faire l’objet d’autorisations communautaires avant toute mise sur le marché. Les insectes n’ont pas encore obtenu ces autorisations à l’échelle européenne. Mais certains pays ont pris les devants.

C’est le cas en Belgique, où les autorités sanitaires ont listé une dizaine d’insectes comestibles pouvant être vendus. Même chose aux Pays-Bas. Deux pays qui ont pris, pour Virginie Mixe, une sérieuse avance sur un marché d’avenir. En France, c’est plutôt la politique de l’autruche qui se pratique concernant les grillons et autres vers : certaines entreprises commencent à en vendre sur internet et dans certaines boutiques, et si ça passe, si le préfet laisse faire, ça passe…

 

Les idées recettes de Virginie

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La Marcquoise propose sur son site des idées de recettes pour déguster les insectes.

La soupe au potiron-grillon. Le grillon jouera dans ce cas le rôle du croûton dans la soupe.

Le houmous aux grillons. Une recette traditionnelle de houmous (pois chiches, ail, citron) à laquelle on vient ajouter de la poudre de grillon.

De la pâte à tartiner protéinée. Du chocolat, poudre de noisettes et des ténébrions (vers de farine) mixés.

Linguine au pesto. Des pâtes que l’on accompagne de poudre de ténébrion, pour en faire un plat complet.